Extraits d'un Entretien de sociologie
avec l'auteur de la ChronoDynamie®

par Karen Andrieu

étudiante en psychologie à l'Université Victor Segalen de Brest (Bretagne-France) (avril 94)

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Ayant choisi la ChronoDynamie® comme sujet d'étude pour cet entretien, je me suis fixée plusieurs objectifs à réaliser au cours de l'entretien.

Tout d'abord, connaître une définition exacte de cette méthode, savoir en quoi elle consiste, comment elle se présente, et à quoi elle peut servir exactement. En fait, bien cerner le sens de ce mot et tout ce qu'il recouvre, afin de bien le comprendre dans son utilité.

Ceci en guise d'introduction, le but principal de cette étude étant de savoir en quoi cette méthode peut, non plus en théorie mais dans la réalité, aider les gens à mieux gérer leur temps et à utiliser de manière plus efficace leur énergie.

Savoir donc, bien sûr, quelles catégories de personnes elle peut toucher en priorité, quelle peut être son utilité spécifique pour des groupes particuliers tels que les étudiants, ou les hommes d'affaires ou les enfants.

En somme, connaître le rapport de cette méthode avec le social et ses conséquences sur tous les groupes de la société. Également par rapport à l'entreprise : savoir s'il existe des possibilités pour que la productivité soit améliorée grâce à cette méthode.

Tout ceci nous amenant à nous demander en quoi elle pourrait influer sur les grands problèmes de la société tels que le chômage ou la violence, sachant que la ChronoDynamie® a pour but fondamental d'amener chacun à un meilleur équilibre dans la vie.

Pour finir, connaître les limites que MH considère comme étant encore inhérentes à sa méthode, vis à vis de ses possibilités propres d'abord, mais également par rapport à la société.

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LE CADRE

La maison de MH se situe dans un coin relativement isolé, particulièrement calme, au bout d'une longue allée qui donne sur une petite route. Une maison comme on en voit peu aujourd'hui : en pierres avec un toit de chaume.
MH est venue vers moi, très souriante et accueillante, et m'a directement amenée à son bureau. Nous avons commencé l'entretien presque immédiatement, après qu'elle m'ait montré des mégalithes qu'on aperçoit de la fenêtre : symbolisme pour elle très important lié en particulier â leur "résistance au temps". J'ai pu à ce moment-là voir le jardin qui m'a semblé s'étendre à perte de vue devant la maison.

Aux murs, un tableau exécuté par son ami, artiste, et des courbes de ChronoDynamie®, les personnes de la maison peuvent ainsi s'y référer quand elles le veulent.

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EXTRAITS DE L'ENTRETIEN:

Enquêtrice :
Pouvez-vous nous donner une définition de la ChronoDynamie®, qu'est-ce que c'est exactement ?

MH : La ChronoDynamie®, c'est l'étude des rythmes personnels d'activité, d'efficacité, qui permettent de savoir quand la personne est en forme ou ne l'est pas. Elle permet de structurer un emploi du temps quotidien au niveau des périodes où l'activité est possible et des périodes où le repos est nécessaire ou recommandé.  Il est vrai que parfois, on ne peut pas toujours se reposer comme il le faudrait, mais alors j'ai mis au point un système qui permet de savoir quand la personne est motivée.

Regardons mes graphiques, par exemple : ici, on a une courbe de forme verte. On voit que ma forme personnelle chute complètement après 11 heures, et qu'effectivement, j'ai intérêt à rester couchée toute l'après-midi. Par contre, cette courbe jaune, qui est la courbe de motivation, permet, si j'ai besoin dans l'après-midi de respecter des contraintes extérieures qui me sont imposées par les autres,.de faire appel à.des ressources supplémentaires, ça me permet de me motiver suffisamment et de faire acte de volonté pour faire quand même des choses, mais ponctuellement, si possible pas toujours sinon je m'épuise.

- Enquêtrice : Donc ça consiste en des courbes qui montrent bien quand on peut utiliser son temps avec un maximum d'efficacité ?

MH : Oui.

Enquêtrice : Et la motivation est importante ?

MH : La motivation est importante mais elle a ses limites. Elle est sociale alors que la forme est naturelle. Le savoir permet de ne pas outrepasser ses forces.  J'engage plutôt chacun à suivre sa propre forme (et à respecter celle des autres) que d'agir toujours sous la pression extérieure et ne n'aller nulle part. En bref j'engage chacun à être et non à paraître. La motivation pour moi montre si on est capable de paraître ou pas. C'est valable quand on a un examen à passer, mais dans la vie quotidienne, il vaut mieux être. Une motivation qui est trop différente de la forme personnelle indique souvent une grande contradiction, qui un jour ou l'autre se manifestera.



Enquêtrice : Comment avez-vous fait cette découverte ? Quels sont les éléments extérieurs qui vous y ont poussée ?


MH : J'ai d'abord tenu compte de toutes les recherches qui existaient, en gestion du temps, ainsi qu'en chronobiologie, faite par des médecins, et c'est parce que je me suis aperçue que mon rythme n'avait rien à voir avec celui qu'ils avaient défini comme étant la courbe standard de l'activité humaine que j'ai dû justement mettre au point un outil socio-technique qui permette un référentiel personnel d'organisation du temps, des rythmes du temps dans la journée, dans la semaine et dans l'année.

J'ai calé ces paramètres sur l'heure de la naissance, sur le moment de l'année de la naissance, et sur le fuseau horaire dans lequel on est puisque ma méthode est liée à l'activité solaire par rapport à l'inclinaison de la Terre.

J'ai trouvé des équations mathématiques qui permettent de faire ce genre de calculs quelle que soit l'époque, un peu comme les horaires de marées. On peut prévoir les marées dans un point quelconque du monde selon certains paramètres, qui sont évidemment connus pour les marées et qui seront connus aussi pour ma méthode quand je déciderai de publier mes calculs (dans plusieurs années).


Enquêtrice : Est-ce par vos observations personnelles liées à votre propre vie, ou est-ce en voyant le désordre dans la société par rapport au temps que vous avez voulu créer cette méthode?  ou était-ce l'ensemble, tout ce déséquilibre ?

MH : J'étais confrontée à des événements personnels très durs, j'ai rencontré un artiste qui était, lui, un marginal absolu et que j'ai aidé à se restructurer, donc ça, c'était en 87, et c'est un peu pour l'aider que j'ai dû inventer une méthode qui soit vraiment un outil de référence applicable à tous. Bon, ce qui a aussi motivé cette recherche, c'est que ma fille Coralie, a bloqué, refusant d'aller à l'école à la rentrée de septembre 1991.
J'ai évidemment testé tout de suite sur les étudiants, dès le premier semestre 92, j'ai eu de jeunes "cobayes" qui préparaient le brevet, le bac, le DEUG, maths SUP, ou des concours comme Saint-Cyr, il y avait vraiment tout un échantillonnage, et ça a été tellement extraordinaire que j'ai mis au point la méthode pour les gens d'affaires et les femmes actives ainsi que pour les les sportifs de haut niveau.

Mais en fait, c'est une méthode immédiatement adaptable dès la naissance du bébé. Donc, on l'a testée sur les bébés, on l'a testée sur des enfants en échec scolaire. J'ai eu des petits "cobayes" de famille d'accueil de la DASS, certains étaient dans un tel état de désociabilisation qu'on n'avait rien à perdre à essayer. Et ça a été super. Je pense au jeune Mathieu à qui, pour la première fois de sa vie, à huit ans, on a pu dire : " C'est bien. ".


Enquêtrice : Cette méthode permettrait donc aux parents de moduler les activités qu'ils veulent faire faire à leurs enfants en fonction de cette courbe ? 

MH : Les activités, les devoirs, les temps de sommeil... Par exemple, voici les deux tableaux conçus pour  les scolaires. Celui-là, c'est celui d'Ana, ma dernière fille. J'ai testé la semaine dernière sur un petit garçon de cinq ans qui ne sait donc pas encore lire. Je l'ai conçu avec des grosses lettres en couleur , de façon que l'enfant le mette lui-même au-dessus de son bureau et apprenne à lire dessus.

Enquêtrice :  oui.

MH : Parce que je dois dire que ce système de courbes, les gosses le comprennent très bien, et le petit gamin, quand je lui ai expliqué, il m'a dit : "C'est bien, j'ai tout compris. ". Il sait déjà les chiffres et apprend les heures à l'école. Par rapport à sa courbe il a parfaitement compris qu'il doit aller se coucher quand la courbe redescend en dessous de la ligne de flottaison.

Au-dessous de 40% d'énergie, il vaut mieux se reposer. Au-dessus l'activité est facilitée. un parent peut donc savoir quand il peut demander à un enfant de faire ses devoirs, mais je dirais que moi, ce que je recherche, c'est que chacun se prenne en charge  et gère lui-même son emploi du temps au mieux de ses intérêts, dès l'enfance.

A partir de mon système, je peux aussi conseiller aux gens le, les pays, les fuseaux horaires où ils seraient le plus en accord avec le rythme du soleil, parce que l'activité humaine, elle est quand même calquée sur ce rythme-là essentiellement.

Mon outil permet d'en appliquer à chacun les autres outils d'organisation ou de management ou de thérapie.

Enquêtrice  :  Comme ?

MH :  Au niveau de la santé, de nombreuses méthodes permettent un mieux être pour la personne, moi je peux dire à la personne : "Voilà quand vous avez intérêt à appliquer la méthode que vous avez chosie, ou qui vous a été prescrite. "

Enquêtrice : Et c'est à ce moment là que ça aura le plus d'effet pour la maladie ?

MH : D'après mes observations et celles de mes collaboratrices, oui. Exactement. ChronoDynamie®, j'ai créé le mot  sur Chronos, le temps, un mot grec, et sur Dynamia, un mot latin conçu dans les années au VIé siècle je crois, par l'évêque ISIDORUS de Sicile qui devait faire des médicaments ou des soins, à partir bien sûr de dunamis en grec qui signifie force, mais qui pour lui signifiait : puissance, efficacité des médicaments. J'ai pu définir que la ChronoDynamie® évitait des problèmes de santé par le fait que les gens se forcent à faire certaines activités et fonctionnent sur des critères qui ne sont pas les leurs. En basant leur organisation du temps sur leurs rythmes personnels, ils évitent de nombreuses somatisations ou accidents.

Enquêtrice : Quels peuvent être les apports de cette méthode sur la vie et la productivité en entreprise ?

J'étais très troublée de voir à quel point les entreprises étaient mal organisées par rapport au respect de la personne humaine. Ayant eu un cabinet libéral de conseil en ressources humaines, je m'apercevais que les gens étaient très décalés, très frustrés dans leur travail, ou marginalisés quand ils n'avaient plus de travail.

Enquêtrice : Mais est-ce que c'est vraiment applicable par rapport justement à la société qui ne suit pas forcément le rythme du soleil. .  Est-ce qu'on arrive à un meilleur bien-être, à un meilleur équilibre dans la vie ? Il faudrait que tout change autour de la personne.

MH : Tout est en train de changer. Mon outil s'insère dans un changement de civilisation. Je ne l'aurais pas inventé il y a 25 ans, le monde n'était pas mûr pour se préoccuper du rythme de chacun. Tout semblait abondant. Actuellement, on est obligés de trouver d'autres solutions pour répondre à cette civilisation qui est en mutation absolue, mutation qui se manifeste par des violences sociales, des problèmes d'emploi, de chômage, par une crise économique chronique. On parle justement de nouvelles solutions qui seraient liées à de nouveaux modes de comportement de travail : c'est à dire le télétravail, les nouveaux outils de communication ont un peu bouleversé le temps. Donc j'ai adapté ce système de référence par rapport aux nouveaux outils qu'on a,. dont Internet qui permet une notion de service 24h sur 24.


Enquêtrice : Est-ce parce que vous ressentiez un malaise dans la société en ce qui concerne la gestion du temps ? La ChronoDynamie® peut-elle avoir des répercussions sur des problèmes de société tels que le chômage, la délinquance, la drogue ?

-MH : C'est à l'occasion justement d'une réflexion sur les problèmes de la société que j'ai essayé de trouver un outil personnel véritablement utile pour des gens qui se retrouvent avec un gros handicap de santé brutal après un accident mais aussi après une rupture personnelle ou un licenciement. Donc un chômeur qui affronte à la fois le problème social et le problème psychologique, c'est-à-dire une déstructuration brutale, peut retrouver son rythme personnel et peut décider de s'organiser autrement pour une meilleure efficacité de sa vie personnelle, une meilleure harmonie.

Enquêtrice :   Donc ça ça peut avoir des répercussions sur le chômage. Est-ce que ça peut aussi en avoir sur la violence dans la société et tout ce qui en résulte comme la délinquance, la drogue, et tout ce malaise ?

MH : Comment éviter les violences ?  je pense que si chaque personne se sentait valorisée personnellement, c'est-à-dire acceptée avec ses rythmes personnels, avec ses données personnelles, il y aurait déjà un mieux-être. Si on permettait à la personne de choisir les moments où elle va travailler, elle serait plus épanouie. Je pense qu'il faudrait répartir le travail de façon à ce qu'on n'ait pas besoin de travailler plus de six heures par jour, mais en ayant la possibilité de choisir ses heures. Si la masse salariale était répartie à partir de ce créneau de six heures par personne, je dirais que tous ces gens qui sont des exclus du système pourraient prétendre être réinsérés puisqu'ils auraient la possibilité de choisir, avec d'autres possibilités et conditions de travail. C'est vrai que - si on s'en tient à l'entreprise telle qu'elle est encore pratiquée à l'heure actuelle, qui est l'héritière du mode de production industrielle du 19è, mon système ne sera pas applicable.  facilement. Par contre, il est parfaitement applicable sur de nouvelles entreprises organisées en réseaux de télétravailleurs. Parce qu'avec les réseaux par ordinateur et en télématique, on n'a aucun problème pour travailler quand on veut et transmettre les messages et les fichiers quand on veut. C'est sur ce constat que je crée ma propre entreprise.

Enquêtrice : Il faudrait réorganiser la société entièrement.

MH : complètement, elle est obligatoirement à réorganiser. J'apporte un outil de réorganisation. C'est un outil, il y en aura bien d'autres, car les idées circulent très vite actuellement.

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Entretien de sociologie (Université de Brest) réalisé par Karen Andrieu, étudiante en psychologie de l'Université Victor Segalen Brest, Bretagne, FR (avril 94)

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