Marie-Helene le Doze (tous droits réservés) Bretagne - FR février 97- modifié le 1er octobre 97 - modification du 10 janvier 2011, une illustration supprimée

 

Ce qui m'est arrivé dans la nuit
du 31 juillet au 1er août 1984
une Expérience de Mort Approchée ou Imminente
(EMA) ou (EMI)
une Near Death Expérience (NDE)



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Asthmatique depuis l'âge de 5 ans Avertissement Commentaires de mon médecin
Le contexte de l'époque Extraits du Journal de 1984 Et maintenant
Je n'ai plus peur de la mort Je n'ai plus peur de rien "save the world"


Avertissements :

Ce texte sur ma NDE ou EMA ou EMI, suite à mon "overdose" de médicaments, a été revu par mon médecin de l'époque pour l'édition électronique de cette expérience en 97, car nous sommes restées amies, " à la vie, à la mort " depuis cette nuit particulière.

J'ai respecté la ponctuation, et parfois la non-ponctuation de mon journal, graphie de texte liée sans doute à mes difficultés respiratoires.

Le nom du médicament a été remplacé par salbutamol.

Commentaires de mon médecin :

Ce n'est pas vraiment une "overdose" mais plutôt une utilisation non adaptée de SALBUTAMOL : (BRONCHODILATEUR Beta 2 Stimulant). On peut assimiler cela à un état de mal asthmatique.

En cas de non-réponse au traitement, il ne faut pas augmenter les doses car ceci ne suffit pas pour juguler la crise ; il faut appeler immédiatement son médecin car il s'agit d'une poussée d'aggravation de la maladie ou d'un état de surinfection.

Effets indésirables à une forte consommation de ce produit : tremblements, tachycardie, parfois bronchospasme paradoxal en cas d'hypersensibilité au produit.

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Asthmatique depuis l'âge de 5 ans,

j'avais eu très tôt la conscience que je pouvais mourir, (je croyais que j'allais enfin regarder Dieu en face) et j'avais fait des expériences de sortie de mon corps vers 8-10 ans quand la souffrance de l'asphyxie était trop forte.Plus tard, j'ai lu des livres sur les lamas tibétains qui décrivaient assez bien mes sensations d'enfance.

Mais c'est seulement à trente huit ans que j'ai vécu cette Expérience de Mort approchée (EMA en français, Near Death Expérience, NDE en anglais), restée douze ans plus tard,aussi vivace dans ma mémoire que si elle s'était passée l'été dernier. Avec des visions très précises.

Néanmoins en relisant le journal que j'avais demandé qu'on m'apporte à l'hôpital, je constate que j'avais décrit avec précision les signes cliniques. Sans doute pour exprimer mes terreurs du moment. Heureusement car ce sont ces signes que j'ai oubliés.

J'ai oublié la douleur pour en garder le sens. Un sens qui m'a portée jusqu'à maintenant et qui me laisse espérer de vivre très longtemps pour finir ce que j'ai à faire, ici et maintenant, chaque jour, sur cette planète.

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Le contexte de l'époque :

J'avais demandé le divorce et je vivais seule avec mes enfants depuis la fin décembre 1983.
Le 3 mars 1984, jour de mon 38ème anniversaire,j'avais perdu mon père, qui avait 76 ans, le double de mon âge, malade depuis Noël, d'un cancer généralisé.


En juin, j'avais rouvert seule la Crêperie que j'avais tenue jusque-là en collaboration avec mon mari, mari qui, en partant, m'avait laissé de nombreuses dettes commerciales et familiales que je devais assumer.

Kerantorec, ma chaumière, m'avait été transmise par mon père et je ne voulais pas perdre ce patrimoine, berceau de mes ancêtres. Ma mère et un cousin m'avaient avancé de l'argent. Je dirigeais une équipe de 6 à 8 personnes à la Crêperie.

Mes filles étaient en vacances chez un de mes frères en Ariège et le 1er août elles devaient rejoindre le frère et la belle-soeur de mon mari à Toulouse.

Le 15 juillet une de mes clientes, osthéopathe à Paris, en vacances à Concarneau, était venue et nous avions parlé de la mort de mon père. Elle m'avait conseillé d'appeler mon père à l'aide si je me sentais mal, un jour... Il m'aiderait, d'une nouvelle conscience... Ce jour n'allait pas tarder.

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Voici ce que j'ai écrit dans mon journal à l'hôpital:


Extraits du Journal de 1984

nuit du vendredi 3 août
au samedi 4 août

je suis à l'hôpital de Quimperlé
j'ai failli mourir dans la nuit de mardi à mercredi à 3 heures du matin d'une "overdose" de salbutamol

je ne comprends pas bien ce qui s'est passé mais je sais que cet accident ne faisait pas partie de mon programme
et que maintenant j'ai peur
Je redoute la nuit terrifiante de solitude

Que s'est-il passé ?
Je résolvais bien tous mes problèmes les jours précédents.
Mes filles allaient bien, Annette (ma belle-soeur) les attendaient à Toulouse avec impatience. Moi je me sentais bien, seule, sous mon toit de chaume. [...] J'avais aidé à résoudre quelques noeuds des problèmes de Patricia et Alain, mes crêpiers, ce qui m'avait bouffé pas mal d'énergie, certes, mais je n'étais pas mécontente du résultat, et à dire vrai, j'étais même plutôt fière de ma petite équipe et de son entente durement acquise.
alors ? alors...

le 31 juillet jour de la paye
Pierre-Yves est venu dîner ce soir-là
et avant de me coucher j'ai fait un petit bilan financier. Ai-je pris peur devant l'ampleur des dettes encore à régler [...] et coetera et coetera. Je ne sais pas vraiment. Sans doute ça m'a angoissée

à trois heures moins le quart (02h45 heure d'été)
je me suis réveillée avec une crise.Ça m'arrive souvent. D'habitude je prends un coup de salbutamol (beta 2 stimulant) et ça passe. Deux si besoin. Et je me rendors jusqu'au matin.
là rien à faire. J'avais sommeil. L'angoisse gagnait. Kazeg, la chatte, m'empêchait de respirer. Je l'ai mise dehors. J'ai mangé une vache qui rit avec une biscotte. Ça ne passait pas. J'ai repris du salbutamol. Toujours pareil. J'essayais de me décontracter sachant que si je me laissais submerger par la panique, la crise augmenterait. J'essayais de me rappeler les conseils de R.M.(mon osthéopathe). Je ne me rappelais plus rien. J'ai dû reprendre du salbutamol, une, deux fois encore, dans mon demi-sommeil, dans ma fatigue et ça a été atroce. J'ai étouffé comme jamais de ma vie pourtant longue d'asthmatique. Je ne savais plus que faire. J'ai cherché des suppositoires de théophylline. En vain rien n'y faisait. Alors j'ai appelé mon père à l'aide. Seul lui pouvait encore m'aider à ne pas plonger dans le gouffre. Une voix intérieure m'a répondu :
arrête le salbutamol; arrête.
Je ne trouvais plus d'air nulle part. Je m'accrochais à la fenêtre. Plus d'air en dedans, plus d'air en dehors. J'étais dans un espace clos qui se rétrécissait en moi, les veines de mon cou étaient écrasées, mes tempes allaient éclater sous la pression des marteau-piqueurs qui les harcelaient, j'allais mourir là, seule, dans cette salle de bain où je me réfugiais pour rejeter le suppositoire que mon corps ne pouvait même pas garder.
J'ai appelé mon père à l'aide. Papa aide-moi je pouvais encore souffler ces mots qui me paraissaient résonner fort dans la nuit angoissante. Papa aide-moi
Et une voix est venue encore en moi
Marie-Paule, appelle Marie-Paule (mon médecin)
et je me disais : mais où trouver la force d'aller téléphoner et lui ouvrir la porte. Et je me disais :
elle pourra toujours casser un carreau et tourner la clé. Mais je me sentais moi-même en prison avec cette porte fermée, et avant d'appeler j'ai trouvé la force d'aller ouvrir la porte, de chercher l'air frais de la nuit, en bas du perron mes petits chiens, la portée de juin des petits pyrénéens, me regardaient, j'ai pensé que peut-être ça allait passer cette crise.
Mais la voix en moi disait encore Appelle Marie-Paule. Appelle Marie-Paule avant qu'il soit trop tard
et je suis remontée j'ai fait le numéro c'était le répondeur automatique médecin de garde aujourd'hui le docteur C., j'ai refait le numéro c'était "non attribué" mais j'ai réalisé que j'avais fait un mauvais indicatif. j'ai recommencé, seul ce numéro s'inscrivait dans mon cerveau vide
Marie-Paule a décroché j'ai juste soufflé
Marie-Hélène Crise
elle arrivait tout de suite. j'étais sauvée mais que ça m'a semblé long. J'avais compris que le salbutamol m'avait rendue plus malade que ma crise d'asthme initiale et que j'allais mourir seule si on ne venait pas à mon aide de toute urgence [...] J'étais seule à m'être mise dans cette situation. Stupidement par fatigue, par solitude, par angoisse
Elle a compris tout de suite. Je ne pouvais plus parler. J'ai pu dire salbutamol je vais mourir.
Elle a fait deux piqûres de solumedrol (Corticoïdes, commentaires du médecin en 97), je la sentais paniquée
ne trouvant pas d'alcool dans ma salle de bains pourtant riche en parfums.
piqûres sans résultat. l'angoisse grandissant encore. J'allais éclater. Lucide horriblement. Elle disait je t'hospitalise. Je disais non. Car je pensais l'ambulance n'aura jamais le temps d'arriver ici, elle disait j'appelle le smur. Je disais non. J'ai crié. Maman.
Je croyais que c'était la fin. Alors elle m'a prise dans des bras, je t'emmène ça ira plus vite. Elle aussi venait de réaliser que l'ambulance serait arrivée trop tard. Elle m'a coincée dans le siège à côté d'elle. J'ai oublié. A un moment j'ai émergé encore elle tapait sur mes genoux pour vérifier mes réflexes (État de conscience) il y avait un tracteur sur la route devant nous j'ai dit je vais mourir, elle m'a dit calme-toi je vais le plus vite possible on arrive. Je n'y croyais guère mais j'ai dû sombrer dans l'inconscience
je n'ai plus de souvenir jusqu'à ce que je reprenne mes esprits encore paniqués en salle de réanimation avec oxygène et tout.
Marie-Paule près de moi :
Tu as fait une grosse crise d'angoisse, tu as eu un spasme grave mais maintenant ça va
Je respirais encore comme un haut-fourneau, comme un soufflet de forge mais les marteau-piqueurs n'étaient plus dans mes tempes.
Je devais être une toute petite chose ruisselante et pitoyable qui revenait de loin
J'avais frôlé le gouffre.
J'étais allée aux portes de la mort.
Papa m'avait sauvée en me guidant pour appeler
Marie-Paule qui elle-même avait mis toutes ses forces pour l'aider lui lors de son grand départ.
mais moi je ne devais pas partir encore.
J'ai mes filles à élever...

lundi 6 août
que tout cela m'a paru long et court
je suis rentrée samedi après-midi épuisée, vidée, découragée, l'impression d'être au pied d'une montagne, et à chaque pas tenté vers le sommet de rouler un peu plus bas sur les éboulis caillouteux.
le ressort cassé
plus le goût de vivre, de réagir, de lutter
la fascination de thanatos
l'angoisse de mort
je m'étais battue longtemps
comme la petite chèvre de Monsieur Seguin
je redoutais l'heure du loup
trois heures du matin

Maman est venue dormir près de moi dans la chambre des filles tant j'avais peur de revivre seule le même cauchemar nocturne
moi qui aimais tant la nuit
je la redoutais

cette nuit je suis descendue à deux heures du matin, vérifier si Reine (la Grande Pyrénéenne) était rentrée. Elle était là, souriante et douce, si je puis m'exprimer ainsi pour une chienne. Mais c'est vrai qu'elle me souriait, rassurante et calme dans la nuit. L'air de me dire : Tu vois, je suis là, tu ne crains rien, tout va bien, je veille sur toi, tu peux remonter te coucher.
Les petits me faisaient la fête
les étoiles brillaient dans le ciel large
j'ai remis mes pas dans mes pas
j'ai remonté le réveil de ma vie pour effacer cette horrible nuit de ma mémoire. Je suis rentrée dans ma chaumière en respirant un grand coup car je suis vivante
Cela seul importe

J'ai écrit ces pages pour exorciser ma peur de ces trois derniers jours. Les crises des deux nuits d'hôpital. La peur de retourner seule à la maison. La peur de revivre ce cauchemar atroce : se voir mourir sans l'avoir voulu.
sans pouvoir rien faire
et avec ça j'ai perdu toute ma belle confiance en moi pour mon travail
[...] j'ai besoin d'une aide vitale pour remettre dès demain le pied à l'étrier avec la belle fougue et la joie qui m'ont soutenue tout ce mois de juillet dans mon travail.
Avoir écrit ces lignes m'a fait du bien je vais pouvoir dormir sans crainte
sentiment qu'au coin de ma fenêtre au-dessus de mon lit, dans cet espace de clarté dans la nuit, quelqu'un veillait, impalpable mais présent :
mon père

Ce n'était pas encore mon heure
et des signes de réveil sont venus alors que je me laissais aller au découragement, à l'angoisse
[...] hier, alors qu'un effort m'avait laissée pantelante sur mon lit, comme une algue sur le sable à marée basse, Anne-Yvonne (ma soeur bibliothécaire) m'apporte le dernier livre de Casamayor (mon professeur de Droit, Libertés Publiques à la fac de Vincennes, mon mentor et père spirituel) ...et pour finir le terrorisme

et voilà que je lis au dos :
" Deux monstres, la haine et le découragement, nous aveuglent. Pour voir clair, il faut leur opposer un peu d'audace et de tendresse. L'imagination en a besoin pour aborder l'avenir." Casamayor

et c'est comme si Casa avait parlé pour moi, présent devant moi[...] Je me laissais aveugler et Casa me parlait d'audace
et de tendresse, et d'imagination et d'avenir. Je retrouvais bien le langage de mon cher vieux Casa. [...] Et tous ces moments partagés avec lui, à travers les mots, me sont revenus en mémoire et j'ai retrouvé l'espoir et le sourire[...]. J'ai toujours retrouvé Casa sur mon chemin quand vraiment j'avais besoin d'un coup de pouce, d'une remise en route, d'une reprise de confiance
en moi. Il a toujours été le signe précurseur, l'étoile qui me précède sur la route du progrès au travers des épreuves.

[...] J'ai rencontré Claudine, l'osthéopathe qui m'avait conseillé d'appeler Papa à l'aide en cas de coup dur.
Se référant à l'étude de mon écriture elle m'a rassurée : " Mais il faudra une mitraillette pour que l'on hérite de vous. Ce n'est pas d'une crise d'asthme que vous partirez. "
Ce qui correspondait aux jugements du toubib et du cardiologue de Quimperlé qui s'étonnaient que je sois encore là et décrétaient que j'avais un coeur super solide pour avoir pu résister comme ça.
Marie-Paule m'a dit la même chose.

Pour Claudine C. c'est mon énergie extraordinaire qui m'a sauvée. Ce flux de vie fantastique plus fort que l'accident bête. Ces ressources énormes qui sont en moi et qui me permettent de faire front dans l'épreuve. [...] Elle m'a dit : " Les épreuves sont toujours envoyées à ceux qui sont capables de les traverser. Mais elles sont toujours des signes à analyser, pour progresser."
C'est exactement ce que je m'étais dit en reprenant conscience à l'hôpital.

Je n'ai pas encore trouvé la réponse exacte et définitive à la question : Pourquoi cette nouvelle épreuve ? mais je sais que rien n'est fortuit, je trouverai

Et en rentrant ce soir c'est Danièle et Viviane que j'ai trouvées (à la Crêperie). Je ne manque jamais d'appuis amicaux et j'ai beaucoup de chance.

Alors j'ai mis un disque : Dinu Lipatti jouant au piano
" Jésus que ma joie demeure "
et j'ai remercié Dieu pour cette grande force

Un peu plus tard j'ai eu de nouveau une crise, mais je suis restée calme et un suppositoire de théophylline a pu l'enrayer. J'ai affronté "l'épreuve" avec une nouvelle sérénité en écrivant ces pages dans ce cahier.

(fin des extraits du journal de 1984)

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Et maintenant :

Aujourd'hui plus de douze ans ont passé.
Je viens de rouvrir mon journal, non relu depuis. Je n'ai pas tout écrit alors, certaines visions étaient sans doute difficiles à exprimer avec des mots, et je m'en tenais à l'apparence, je m'accrochais aux signes cliniques, comme à une réalité tangible.
J'ai sans doute eu aussi dans ces moments d'asphyxie des moments d'hyper conscience car je ne sais pas si mon amie médecin Marie-Paule pensait tout haut ou si je l'entendais penser.
Quand elle m'a coincée près d'elle dans sa R5, je l'ai entendue dire :

" Pourvu qu'elle démarre ! "
Elle me dira plus tard que sa voiture avait été en panne la veille et était retombée en panne le lendemain. Mais cette nuit-là, la voiture a démarré pour venir chez moi et m'emporter à l'hôpital. C'est seulement quand j'ai entendu le moteur que je me suis laissée sombrer dans l'inconscient.
Il était à peu près quatre heures du matin, en six minutes nous étions arrivées à Quimperlé Je suis donc restée en état d'asphyxie de trois heures moins le quart à quatre heures dix environ... J'avais fait appel à des ressources que je n'utilisais jamais en temps normal.

Marie-Paule me dira aussi plus tard qu'avant mon appel, elle venait de se réveiller en pensant à mon père. Normalement elle ne décroche jamais les soirs où elle n'est pas de garde. Elle l'a fait cette nuit-là et a compris tout de suite mes borborygmes au bout du fil "Marie-Hélène crise", "Ne bouge pas, j'arrive "

Je m'aperçois maintenant que je n'ai pas pu parler du tunnel, celui que je franchissais dans mon demi-sommeil, alors que je prenais et reprenais du salbutamol : je me souviens que ce tunnel était la facilité, que la seule chose que j'avais à faire était de me laisser glisser sans résistance.
Au bout il y avait de la lumière, et je sentais la présence de mon père. C'était comme un dialogue très secret. C'est là que j'ai eu le choix.
La mort était la facilité, la vie était un choix difficile. Mais c'est celui que j'ai fait : j'ai senti que mon père, de l'autre côté du tunnel, avait accompli son temps, mais que moi j'avais encore des choses à terminer sur cette terre, j'avais mes deux filles à élever, des responsabilités à assumer et mon oeuvre à faire. Et j'ai dû me battre contre les ténèbres pour sortir du tunnel. C'est ce que je décris avec précision dans mon journal.

J'ai choisi cette nuit-là de vivre et d'en payer le prix.
J'ai compris aussi que l'on est seul à porter sa vie. L'aide est bienvenue, et j'en ai toujours eue sur mon chemin, mais chacun est seul à décider de sa vie, à l'assumer, seul à l'affronter.
Et je ne compte plus que sur moi-même, avec un recul qui peut paraître de l'indifférence parfois, mais qui me permet de supporter toutes les turbulences de la vie.

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Je n'ai plus peur de la mort, elle fait partie de ma vie, naturellement.
Le 1er septembre 96, j'ai pu assister avec calme et sérénité mon meilleur ami dans ses derniers moments qui mettaient un terme à ses souffrances.
Sur son faire-part j'ai transcrit une sourate du Coran (il était musulman) :

" Entrez dans le Jardin :

vous n'aurez plus rien à craindre

et vous ne serez pas affligés. "

LE CORAN, sourate AL 'ARAF VII, 49

Le jardin, au bout du tunnel, c'est la vision de la mort que j'ai eue cette nuit-là
et c'est à cette page que s'est ouvert mon Coran dans la nuit de veille passée à prier pour la transition de Mohamed,
Moha le fou, Moha le sage...

Je n'ai plus peur de rien, sauf de perdre mes enfants car c'est ma première responsabilité. Mais je ne pleure plus avant d'avoir mal, je garde mes forces pour affronter les évènements quand ils arrivent, je reste disponible.
Plus personne ne m'impressionne ni ne peut m'obliger à agir contre ma conscience. Aucune hiérarchie, aucun dogme n'ont de prise sur moi. Je suis libérée.

Après mon expérience de mort approchée, j'avais eu besoin de trouver des réponses. J'ai cherché du côté du druidisme car je vis sur une terre sacrée, près d'un site mégalithique. Et le 1er aout correspond à la fête de Lug, le dieu polytechnicien, l'équivalent de Mercure dans la tradition druidique. Je voulais y voir un signe d'une mission à accomplir. En revenant de cette EMA, j'avais "su" un certain nombre de choses : que j'aurai un autre enfant, après 40 ans, et que je découvrirai quelque chose d'important qui serait utile à mon prochain.

une cérémonie druidique (TanTad) dans la prairie devant la chaumière (en août 1985)

(avec Youenn Gwernig à gauche, druide sans saie mais en costume
et l'archidruide du Pays de Galles à droite du groupe)

Le cercle de pierre : un cadran solaire sur le sol (schemas)

Mais j'ai compris que chacun peut trouver les réponses en soi.C'est la Nature,la Mère Nature, qui m'a guidée dans tous mes choix.

 


Cette leçon m'a marquée pour la vie.
J'ai l'intention de vivre très longtemps.
Et de mener à bien toutes mes oeuvres.
Après d'autres états de mal asthmatiques (où j'ai encore failli perdre la vie, mais là je savais ce qui était à faire, à temps !), j'ai mis au point un système de gestion du temps, lié aux rythmes du soleil et de la terre, dans la journée, au cours des saisons, un système qui permet de connaitre le rythme de chacun et de mieux vivre.

Prendre son temps pour ne pas perdre sa vie.

Sans mon expérience de mort approchée, je n'aurais jamais inventé la ChronoDynamie®. Cette nuit-là j'ai appris mes limites et je sais maintenant bien gérer mes forces.
Quelles que soient les difficultés rencontrées, quel que soit le temps nécessaire pour accomplir mes projets, je persévère.

Chacun de nous devrait prendre conscience qu'il peut à son niveau chaque jour de sa vie faire quelque chose pour "sauver le monde".

J'ai trouvé ma place après cette expérience.

 

Ma soeur Anne-Yvonne, au moment où je rédige ce texte pour le publier sur ma page perso d'Internet, me rappelle que notre mère veillait sa belle-soeur mourant d'un cancer pendant les trois mois de son agonie, le dernier mois et demi de sa grossesse et mon premier mois et demi de vie. Sa montée de lait ne s'est faite qu'après la délivrance de sa belle-soeur. J'ai peut-être sucé le lait de la mort. J'ai été de santé fragile, mais je m'aperçois à plus de cinquante ans que j'ai vécu plus intensément que bien des gens en bonne santé.

Une amie de ma tante Anne-Marie prétend que je suis protégée par elle. J'ai franchi des miroirs d'où l'on ne revient pas. C'est peut-être là que je puise ma formidable rage de vivre.

Je suis convaincue qu'il y a une autre dimension au-delà du réel, du mesurable, du quantifiable, de l'évaluable, par delà le temps et l'espace.


Marie-Hélène Le Doze, à Kerantorec, Toussaint 1996 (fête de Samain)
sociologue-chercheure, conseil en gestion du temps- organisation personnelle et professionnelle par la ChronoDynamie® (C/D)



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Post-Scriptum le 1er octobre 1997 :

Je viens de perdre mon plus jeune frère qui était avec mes filles la personne dont je me sentais la plus proche, même si je le voyais peu ces trois dernières années.

La souffrance de sa découverte a été terrible.

J'ai remis en question bien des idées que j'avais exprimées sur cette page. J'étais choquée parce que l'harmonie de la nature autour de moi me semblait détruite, parce que cette mère nature que je croyais guérisseuse n'avait pas su le protéger de lui-même.

Mais trois semaines plus tard j'ai accepté son départ. Sans ma propre expérience de mort approchée ou imminente, je serai sans doute folle de douleur et démunie devant l'irréparable. Là je reconstruis, pour l'avenir de mes enfants et ce qui restera après moi. La mort fait partie de la vie. Comme la nuit fait partie du jour.

Merci à tous ceux qui ont été près de nous en pensée, en parole, en écrit.

Merci à tous ceux qui l'ont accompagné, les bras chargés de fleurs des champs.

Il était un homme de la terre, il est retourné à la terre.