Des tibetains en greve de la faim
Hunger Strike unto Death (photo)
II - SIX TIBÉTAINS EN GRÈVE DE LA FAIM .À
DELHI...
A - AGIR MAINTENANT
1) LES ORGANISATEURS : LE T.Y.C.
Le T.Y.C. (Tibetan Youth Congress) est une organisation politique
non-gouvernementale, fondée en 1970, dont " le but et
l'engagement sont de lutter pour la totale indépendance du
Tibet."
Aujourd'hui, à l'instar du dalaï-lama, ils
tempèrent leurs propos :
"Le T.Y.C. a depuis les quelques dernières décennies
constamment demandé un plébiscite au Tibet pour
déterminer les aspirations du peuple tibétain. C'est
dans cet esprit que le T.Y.C. soutient le plan de paix de cinq
points de "Sa Sainteté" le Dalaï-Lama, chef
spirituel et temporel du Tibet. "
Pourtant, le dalaï-lama propose, non plus l'indépendance
totale, mais une réelle autonomie ; exposant à
Strasbourg le 15 juin 1988, cette nouvelle voie médiane, qu'il
réitère lors de sa dernière visite en France, en
juin dernier auprès des députés de la commission
des affaires étrangères de l'Assemblée
nationale, exprimant que
"les Tibétains pourraient régler seuls leurs affaires
intérieures en matière d'éducation et de
préservation de leur patrimoine culturel, (et qu') ils sont
disposés à laisser les affaires
étrangères et les problèmes de défense au
gouvernement central de Pékin. "
Mais laissons ces querelles ; ils sont d'accord sur l'objectif de
rendre leur liberté aux Tibétains, c'est ce qui nous
intéresse pour l'instant.
En décembre 1997, la C.I.J. (Commission Internationale des
Juristes), organisation non gouvernementale ayant un statut
consultatif auprès du Conseil économique et social de
l'O.N.U. (Organisation des Nations-Unies) publie son troisième
rapport . Ce sont les recommandations de ce dernier rapport que le
T.Y.C. soutient en mars 1998, affirmant :
"Le dernier rapport de la C.I.J. a donné un nouvel espoir au
peuple tibétain et à leurs aspirations. C'est à
la lumière de ce progrès que le T.Y.C. a
décidé d'organiser une grève de la faim
illimitée à Jantar Mantar, New-Delhi, dans l'esprit du
mouvement non-violent de Gandhi, jusqu'à ce que nos demandes
mentionnées ci-dessous soient satisfaites par les
Nations-Unies :
1) Remettre à l'ordre du jour la question du Tibet en se
basant sur les résolutions de 1959, 1961 et 1965. (point
à l'adresse de l'Assemblée des Nations-Unies.)
2) Dépêcher un Rapporteur spécial pour
enquêter sur la situation des Droits de l'Homme au Tibet
occupé par la Chine. (à l'adresse de la commission des
Droits de l'homme des Nations-Unies, sous l'égide de Mary
Robinson, ancienne présidente de la République
populaire d'Irlande.).
3) Dépêcher un Envoyé Spécial pour
promouvoir un règlement pacifique de la question du
Tibet et initier un référendum surveillé par
l'O.N.U. pour connaître le souhait du peuple Tibétain.
» (à l'adresse du Secrétaire
Général des Nations-Unies, Kofi Annan)."
En s'adressant à l'O.N.U., le T.Y.C. la remet
discrètement, mais fermement, à sa place de "garante du
respect des droits humains " (article 2 de la charte). Elle doit
jouer son rôle d'intermédiaire. Ces revendications
montrent une volonté d'instaurer une voie diplomatique, afin
d'avoir une réelle légitimité. Ils
réclament ainsi dans l'ordre, de ne pas oublier les
résolutions déjà prises par l'O.N.U., sans
résultat, de vérifier par elle même le
non-respect des droits humains au Tibet, afin de légitimer la
situation des tibétains, pour finalement, comme il se doit,
demander l'avis des tibétains par un plébiscite.
2) Six grévistes tibétains
Longtemps partisan de la violence et de la lutte armée, le
T.Y.C. a finalement abandonné cette voie, le déclarant
officiellement lors de la VIIème assemblée
générale du Congrès, tenue à Dharamsala
en septembre 1989. Depuis, leurs actions sont
toujours virulentes, mais se limitent à des
manifestations, des marches de la paix (la dernière en
1995/96), des grèves de la faim... aujourd'hui une
grève illimitée...Il se distingue néanmoins
toujours par sa détermination. En effet, en souscrivant au
T.Y.C., les membres, sans vouloir attenter à la vie d'autrui,
s'engagent &laqno; à lutter pour la totale indépendance
du Tibet, même si cela doit coûter une vie humaine.
» . Le T.Y.C. déplore :
" Malheureusement, l'O.N.U. semble prendre des
événements en considération seulement si
des méthodes violentes sont utilisées. Jusqu'ici le
mouvement de libération tibétain a été
guidé par les principes de non-violence de Gandhi et de moyens
de paix, en accord avec la charte des Nations-Unies.
"
Ainsi sous la présidence de Tseten Norbu, le T.Y.C. choisit la
grève de la faim illimitée comme moyen de pression.
Elle permet de sensibiliser, s'adressant à l'occident ; tout
en offrant le temps de réagir avant que mort ne s'en suive,
selon l'esprit non-violent de Gandhi.
Six tibétains, représentant symboliquement les six
millions de survivants au Tibet, décident de participer
à cette grève de la faim organisée par le
T.Y.C.. Nombreux autres sont inscrits sur des listes d'attente au cas
où un remplacement serait nécessaire. Le plus jeune,
Karma Sichoe, a 25 ans, et le plus âgé, Monsieur
Kunsang, 70 ans. Yungdrung Tsering a 28 ans, Dawa Gyalpo, 50 ans,
Dawa Tsering, 53 ans, et la seule femme, Madame Palzom, 68 ans. Ils
sont tous nés au Tibet, exceptés les deux plus jeunes,
nés au Nord de l'Inde et au Népal, où leurs
parents sont venus spécialement les déposer en
sécurité. Sans famille, ils ont passé leur
enfance au Village d'enfants tibétains (T.C.V. soit Tibetan
Children's Village) à Dharamsala, créé par la
soeur du dalaï-lama, Jetsun Pema. Ils ont déjà
participé à de nombreuses actions pour un Tibet libre :
la manifestation contre la venue de Li Peng en Inde en 1989, ainsi
que les Marches de la Paix en 1995 et 1996, parcourant plus de mille
kilomètres de Dharamsala à Delhi.
© tous droits réservés Mélanie Portet-Le Doze-Maitrise d'Ethnologie98 Université Paris-8 Saint-Denis (FR) Contact Mˇlanie