Des tibetains en greve de la faim
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B - RÉACTION DE L'O.N.U.
Tseten Norbu, dans un communiqué le 29 avril, remet l'O.N.U.
face à ses responsabilités :
"Quand le Tibet a été occupé et continue
d'être effacé de la carte du monde, où
est-ce que les avocats des droits humains ont-ils disparus? Où
les &laqno; si-sollicités » chefs d'Etat du monde se
cachent-ils? Qu'est-ce l'O.N.U. fait sur la question du Tibet depuis
les quarante dernière années. » &laqno; Il est
grand temps que le monde libre et les Nations-Unies défendent
l'universalité des principes et déclarations de
l'O.N.U.."
1) La C.I.J réitère ses
recommandations
Le rapport de la Commission Internationale des Juristes a
été remis en décembre 1997, à l'O.N.U..
Celle-ci n'a pourtant pas donné suite aux recommandations de
ce rapport.
Le mouvement de grève de la faim des six tibétains ne
parvient pas non plus, à la convaincre de réagir.
Ainsi, un représentant de la présidence du
comité exécutif de la C.I.J., le Professeur Kofi
Kumado, envoie le 08 avril 1998, une lettre à Kofi
Annan, secrétaire générale des Nations-Unies. Il
lui rappelle la recommandation qui lui a été faite de
"nommer un envoyé spécial pour promouvoir un
règlement pacifique de la question tibétaine. "
Précisant que "encore récemment, le 19 mars 1998, la
C.I.J., lors de son intervention orale avant la 54ème session
de la Commission des Droits Humains de l'O.N.U., intitulée
"Autodétermination au Tibet", a réitéré
les demandes du rapport. ".
Adama Dieng, Secrétaire Général de la C.I.J., se
déplace personnellement à Jantar Mantar, le 13 avril,
pour manifester son soutien aux six tibétains. Il y tient une
conférence de presse, et les médias relatent
l'événement, photos à l'appui .
Mais la C.I.J. n'a qu'une fonction consultative, les réelles
décisions sont prises par l'O.N.U....
2) L'O.N.U. soutient
Quelques messages de soutiens sont envoyés aux
grévistes.
Le 9 avril, Mary Robinson, délégué de la
Commission des Droits de l'Homme des Nations-Unies, fait une
déclaration . Elle explique qu'elle est au courant de la
situation, et qu'elle a rencontré, le 2 avril, le
représentant de "Sa Sainteté" le dalaï-lama,
monsieur Tempa Tsering (à Genève). Elle atteste de leur
courage ; et informe qu'espérant se rendre en Chine en
septembre, elle a déjà informé de son "souhait
de visiter le Tibet à ce moment là, dans le but
d'être complètement informée de la situation
là-bas."
Projet, qu'elle confirme par une déclaration à
Genève, le 24 avril. :
"En septembre de cette année, je ferai une visite officielle
de six jours en Chine. Depuis le début, il a été
mon intention que cette visite inclurait le Tibet, et j'ai transmis
mon désir aux autorités chinoises. "
Elle ajoute que
"Les Nations-Unies sont concernées par leur sort (des six
grévistes), et que la situation du peuple tibétain
n'est pas ignorée."
Elle termine en déclarant :
"Ils ont réussi à attirer l'attention internationale
sur leurs problèmes et ont mon assurance d'être
concernée par la situation des droits humains du peuple
tibétain, je poursuivrai cette attention durant ma visite en
Chine en septembre."
Ce message de soutien ne peut être qu'encourageant, puisqu'elle
précise vouloir se rendre sur place elle-même. Elle ne
fait cependant nullement référence à la
nomination officielle d'un rapporteur spécial pour
concrètement enquêter sur la situation des droits
humains, comme le réclame les grévistes.
En ce qui concerne le Secrétariat Général
présidé par Kofi Annan, c'est suite à la
rencontre de l'acteur Richard Gere avec Gillian Sorensen, assistant
du secrétariat général attaché aux
relations extérieurs, qu'il fait envoyer un message aux
grévistes, de New-York, le 14 avril. Le communiqué
prévient qu'il était déjà informé
et préoccupé par le sort des six tibétains. Mais
il déclare que: "Bien qu'il reconnaisse ce mouvement, leurs
demandes spécifiques demeurent de l'unique compétence
des États membres. " Or, parmi ces États membres, la
Chine est membre du Conseil de Sécurité qui a droit de
veto. Il y a donc peu d'issue, si les autres États membres
n'assument pas leur responsabilité.
Un point positif est à signaler. Ce représentant
international affirme : "reconnaître que cette action
non-violente est le reflet de leur engagement personnel. Il
légitime ainsi la non-violence de leur démarche. Il
précise qu'&laqno; il est profondément concerné
par leur bien-être et les appelle, par humanisme, à
interrompre la grève de façon à ne pas davantage
mettre leur santé en danger. "
3) L'O.N.U. n'agit pas
Malgré ce message d'inquiétude pour la santé des
grévistes, l'O.N.U. ne prend pas de décisions
effectives.
En réponse, le T.Y.C. déclare être honoré
de leurs messages, mais déçu qu'ils ne répondent
pas réellement à leurs demandes, ajoutant :
"Le peuple du Tibet attend de l'Organisation des Nations-Unies
qu'elle respecte ses principes et déclarations. il est grand
temps que l'ONU respecte ses engagements en résolvant la
question tibétaine. L'ONU devrait se souvenir que le Tibet fut
occupé après sa fondation en 1945. L'invasion en
elle-même, est un grand défi aux principes et
déclarations des Nations-Unies."
En septembre 1998, Mary Robinson s'est effectivement rendue à
Lhassa lors de son séjour en Chine. Elle n'a cependant pas
rencontré beaucoup de tibétains, prétextant de
ne pas vouloir leur attirer des ennuis. Qu'en est-il de ses
intentions du mois d'avril, lorsqu'elle déclarait :
"Le but de ma visite au Tibet, dans le contexte de ma visite en
Chine, est de voir la situation de première main, et d'avoir
l'opportunité de parler directement avec un éventail de
personnes de la région. "
Ni le Secrétaire Général Kofi Annan, ni
l'Assemblée des Nations-Unies, n'ont répondu aux
demandes de façon positive. Quand aux Etats-membres, leurs
chefs d'Etat se rendent en Chine, pour y signer des contrats
économiques. Bill Clinton, président des Etats-Unis, en
juin 1998, a osé faire une déclaration sur les droits
humains à respecter, y compris au Tibet, sur la place
Tien-an-men, lieu des massacres de la répression de la
révolte étudiante en 1989. De même, Lionel
Jospin, premier ministre du gouvernement français, lors de son
séjour en Chine en septembre, s'entretient avec des
étudiants sur les droits humains. Après ces
déclarations symboliques, ils peuvent, sans scrupule, signer
les contrats tant convoités. Que la Chine aie
toléré cette déclaration peut laisser
espérer un changement de sa politique des droits humains, mais
peut n'être aussi qu'une tactique pour améliorer son
image auprès du monde occidental, sans modifier ses
actions...
© tous droits réservés Mélanie Portet-Le Doze-Maitrise d'Ethnologie98 Université Paris-8 Saint-Denis (FR) Contact Mˇlanie