Mon expérience de chanvre naturel
pour l'habitat
Copyright 1997 Marie-Hélène
Le Doze (tous droits réservés)
(Bretagne-FR)
Moi le chanvre, je le mets sur mes murs
Pourquoi ce matériau ?
Sa culture
Premiers essais par le maçon
Ma propre technique à partir des traditions régionales
Mes conseils pratiques
Les bienfaits du chanvreMoi le chanvre, je le mets sur mes murs.
Si dans les années soixante, fumer de la marijuana a pu couper une de mes nombreuses crises d'asthme,
si je peux admettre les vertus médicinales de la plante Cannabis sativa, il ne me paraît pas souhaitable,
ni même logique, de prendre un médicament à longueur de journée alors qu'on n'est pas malade.Ma longue confrontation aux plantes médicinales sauvages de ma prairie et de mon terroir m'a en effet appris que l'excès a des effets inverses (par exemple l'abus de Grande Berce qui a des effets aphrodisiaques à dose normale, entraîne un profond sommeil à haute dose, comme nous l'avions expérimenté lors d'un solstice d'été mémorable : nous avions tous dormi comme des bébés. Il est vrai qu'au réveil nous étions en pleine forme....).
Je n'utilise donc le chanvre qu'à l'état d'enduit sur mes murs et n'encouragerai personne à le fumer.
J'ai vu mourir mon ami Mohamed d'un cancer de poumons fumeurs. Beaucoup trop de souffrances en comparaison de la pseudo-aide à mieux vivre, illusoire comme de la fumée.
Personnellement, j'ai trop besoin d'autonomie pour admettre toute dépendance, je suis donc contre toute forme de cigarette : désolée pour ceux qui se seront précipités sur ce site dans l'espoir d'y trouver une justification à l'usage de stupéfiants. Ce n'est pas mon propos.
Pourquoi ce matériau ?Pourquoi avoir choisi ce matériau encore peu répandu :
j'ai toujours été intéressée par les matériaux naturels, que ce soit pour me vêtir (coton, laine, soie) ou pour me loger (chaume, pierre, chaux). Matériaux ou matières simples et nobles.La défense de mon équilibre personnel (par la ChronoDynamie) comme la défense de l'équilibre de la planète par mes actions quotidiennes (économies d'énergie, non-pollution, respect de la nature) font partie de mes priorités de vie depuis que j'ai failli la perdre (voir NDE-EMA en 1984).
Quand j'ai dû envisager des travaux dans ma chaumière,
(en raison de problemes graves liès à la lenteur de la justice pour faire valoir mes droits à vivre et travailler en sécurité et santé dans ma maison) j'ai cherché des solutions différentes.
Certaines, comme l'énergie solaire, étaient encore trop onéreuses en France. Mais Christophe Van de Moortele, architecte belge passionné des vielles pierres bretonnes, qui faisait mes plans, m'a apporté des documents sur l'Isochanvre (marque déposée de Chènevotte Habitat. L'idée m'a emballée.Or il se trouve que juste à côté de chez moi (sur la commune voisine de Riec-sur-Bélon) venait de s'installer un agriculteur bio, que j'avais rencontré chez mes amis Martine et Mohamed Méliani.
Jean-Pierre Andrieux, l'année précédente, avait semé du chanvre pour nettoyer une parcelle près de la maison qu'il avait construite (lui-même) à Guiscriff (Morbihan). Il avait été étonné des propriétés de la plante et en avait resemé l'année suivante à Riec.
Moha m'a parlé des torchis utilisés dans son pays d'origine, le Maroc, j'ai vu des documentaires sur les habitats traditionnels, et convaincue que c'était cela qu'il me fallait, je suis allée voir Jean-Pierre et Laurette Andrieux, qui m'ont donné des échantillons de copeaux et laine de chanvre naturel. J'ai immédiatement fait des essais d'enduit avec de la chaux en mai 95.
Sa culture :
En été 95, j'ai vu pousser "mon" chanvre dans ce champ :
l'ami François dans le champ de chanvre en pleine floraison
(photo : Anne-Marie Viliot)Chanvre cultivé à Riec-sur-Bélon
par Jean-Pierre Andrieux, agriculteur biologique.
Il s'agit de graines autorisées à la culture : chanvre monoÏque de variété "Fibrimont", marque déposée par le syndicat des producteurs de semences de chanvre.Comme on le voit sur la photo, c'est une plante à échelle humaine, luxuriante et généreuse, aux couleurs de jungle tropicale.
Les travaux de ma maison prenant du retard,"mon" chanvre avait le temps de bien sêcher.
Quelques mois plus tard, au moment de Noël 95, les sacs de copeaux de chanvre ont été livrés.Premiers essais par le maçon :
Mon maçon Bernard Picol avait accepté de faire un enduit avec ce chanvre, mais il n'était pas habitué à ce matériau. Un de ses cousins était formateur à Tiez Breiz (protection des maisons bretonnes) et utilisait l'Isochanvre (marque déposée de Chènevotte Habitat.
Mon chanvre était différent puisqu'il était naturel, simplement sêché mais je croyais à ses propriétés et étais prête à essayer toutes les solutions.Après quelques mêtres carrés, Bernard a arrêté son enduit, il avait fait une première couche à même les murs de pierre en mélangeant chanvre et chaux, sans sable.
Les copeaux lui paraissaient trop gros par rapport à ceux de l'Isochanvre.Ne pouvant récupérer les importantes sommes d'argent qui m'étaient dues (voir problèmes avec la justice travaux et justice),je ne pouvais pas le payer et je n'ai pas insisté.
Par contre, j'ai décidé de continuer moi-même.
J'ai toujours eu besoin d'utiliser autant mes mains que ma tête. Après tout j'avais déjà fait tous les enduits lors de la première restauration de la chaumière avec mon ex-mari, et lors de la restauration d'une maison en Ariège dans les Pyrénées. Ce que je craignais c'était le manque de forces physiques à 50 ans... Mais je savais désormais gérer mes forces personnelles grâce à ma ChronoDynamie®.
Et je m'y suis mise.
Seule d'abord, car Mohamed était trop malade pour pouvoir venir m'aider comme il l'avait toujours fait auparavant.Ma propre technique à partir des traditions régionales
Je suis allée fouiller dans mes anciens livres de restauration traditionnelle de diverses régions françaises et ai étudié leurs mélanges d'enduit.
J'ai élaboré le mien. J'ai fait des essais avec du sable jaune de rivière, très fin.la première couche d'enduit réalisé : le gobetis très épais qui fait l'accroche aux pierres d'origine
un mélange grossier à base de chaux, de sable
et de chanvre.
C'est cette couche qui fait l'isolation.
Mes murs datant de plus de deux siècles étaient très irréguliers, avec des trous. Le gobetis permettait de bien bourrer les trous. Ensuite j'ai suivi les contours des murs, gardant leurs arrondis, j'avais l'impression de les sculpter.C'était quand même très fatiguant.
Un jour mon amie médecin Marie-paule D.(voir page : mon EMA-NDE en aout 84 ) m'a trouvée au fond de mon lit, épuisée. Elle m'a proposé son aide amicale. Dans le courant de juin 96, nous avons fait quelques soirées chanvre avec beaucoup d'allégresse et de jubilation devant les résultats.
" L'enfant se présente-t-il bien, Docteur ? "
Nous avons laissé parler nos sensations,
le mélange se faisait suivant différents paramètres,
l'hygrométrie par exemple : les matériaux ne "prenaient" pas de la même façon selon que le temps était à la pluie ou qu'il faisait très chaud dehors, les murs côté nord et est ne réagissaient pas comme le mur sud dont l'enduit prenait à toute vitesse.Marie-Paule claquait à pleines "pognes" le mélange, sorti de la bétonnière, de la brouette au mur, elle le plaquait bien. Après un temps de prise, je suivais avec le bouclier et je dressais grossièrement l'ensemble pour unifier sans talocher.
Quelques jours plus tard, nous refaisions une couche plus fine, avec moins de chanvre et plus de chaux que nous "caressions" avec nos gros gants de maçon.
Enfin, je passais un badigeon épais de chaux
(Batidol : CAEB Chaux Aérienne Eteinte pour le Bâtiment).
Résultats :
Dans certains endroits, il y a 6 cms d'enduit de chanvre, dans d'autres il peut y avoir 25 cms, selon les besoins des murs très inégaux.
Je n'ai pas cherché à égaliser les murs, je les ai respectés, je les ai écoutés me parler du passé, ils sont d'accord pour m'aider à l'avenir. Ils sont chaleureux comme des amis.
Mes conseils pratiques :
Fonctionnant au "feeling", j'ai été incapable de calculer mes besoins en chanvre, en sable, en chaux. J'ai acquis les matériaux (sable et chaux) au fur et à mesure de mes besoins et en fonction de mes possibilités financières réduites.
Il me reste beaucoup de chanvre par rapport à nos prévisions. C'est donc un matériau économique :
je vais l'utiliser dans l'enduit de ma future cuisine.Les proportions de départ sont 1/3 sable, 1/3 chaux, 1/3 chanvre et de l'eau. Mais selon le mélange de la bétonnière et la réaction des éléments, en fonction de l'hygrométrie ou de l'heure du travail, il faut ajouter, soit de l'eau, soit du sable, soit du chanvre ou de la chaux.
Je conseille à chacun d'oser. Et d'écouter les vieux murs respirer, parfois soupirer puis se réjouir.
Pour des murs banchés, construits avec ossature bois, ces conseils ne sont peut-être pas valables. Mais ça je ne l'ai pas encore expérimenté.
Je vous parle de ma propre expérience exclusivement.Les bienfaits du chanvre :
Toujours est-il que mon bureau répond exactement à ce que j'attendais de lui, le confort, le calme, la beauté.
J'ai commencé à m'y installer à la Toussaint 96, j'ai donc connu les pluies de l'automne breton. Aucune humidité.
Tout était opérationnel à Noël 96. Il a fait exceptionnellement froid dans les jours qui ont suivis sur la Bretagne. La température est descendue à -12° à plusieurs reprises, je n'ai absolument pas eu froid dans mon "poêle cartésien". Un vrai plaisir.Il a fait exceptionnellement chaud en été 97 (nous nous sommes baignés du 10 avril au 4 octobre !) et le bureau était la pièce la plus fraiche de la maison, malgré la chaleur dégagée par les deux ordinateurs.
En ce début d'automne je constate un phénomène de régulation naturelle : quand la température s'abaisse dehors (4° le matin), la température monte dans le bureau, il y fait toujours bon. Ce doit être un peu comme dans les troglodytes...
Quant à l'isolation phonique : mon facteur a pris l'habitude de frapper très fort à la porte quand il a du courrier à me donner en main propre, car au début je ne l'entendais pas. Le rêve !
Car si j'aime travailler la nuit, c'est bien sûr parce que mon rythme chronodynamique est nocturne , mais aussi parce que je ne supporte pas le moindre bruit autour de moi, c'est pourquoi j'ai choisi de vivre au bout du monde, en pleine campagne près de la mer.
Grâce à Internet je reste branchée sans nuisance...Je ne peux que vous conseiller d'utiliser le chanvre sur vos murs. Vous aurez comme moi le sentiment d'oeuvrer pour la protection de votre santé, de votre environnement local et de votre planète terre.
"Carpe Diem"
Le bureau de MH (photos)
échantillons de chanvre (photos)
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Copyright : Marie-Hélène Le Doze (tous droits réservés)(Bretagne-FR)
un exposé sur le chanvre fait par
Xavier et Robin pour le Tout-Petit Belon,
journal de l'Ecole Freinet de Riec-sur-Bélon
Un lien sur d'autres utilisations du chanvre
: au QUEBEC :
les vêtements en chanvre :
http://www.splif.com/quebeclove.html
Bernard Picol, maçon à Kergoulouet,
29350 MOELAN-SUR-MER,
02 98 71 02 13 sachant manier la chaux et monter des murs de pierre
à l'ancienne
Un
bon site de témoignage en autoconstruction
http://amet.pierre.free.fr/chanvre/chanvre.html