Extraits du Cahier de Vie de Kerantorec tenu par Marie-Hélène Le Doze
en automne 2007


Opération d'un "Hallux Valgus pied droit par le Dr M. Clinique du T. à P. (Morbihan)

 

Le Ter Mercredi 7 novembre 2007 9h30

Je suis installée à la clinique du T. et l'opération aura lieu vers les 11 heures. Je suis dans un nouveau lit à l'essai arrivé hier dans le service Orthopédie et c'est moi qui le teste pour la première fois.

Voilà, je viens d'être préparée pour ma salle d'op. Je vais tomber dans les vaps.
Je prendrai des notes plus longues demain si tout va bien.
Je suis très heureuse car j'ai vraiment réussi à faire tout ce que j'avais prévu. C'est beau et en ordre partout à Kerantorec, dehors comme dedans. Le parc est fait. La salle de bain et le coin cuisine aussi. Je peux me reposer tranquille.
J'ai fait du mieux que j'ai pu. C'est le message que j'ai transmis hier soir aux filles par MMS, une photo du parc vu de la terrasse, avec les feuilles d'automne des chênes d'Amérique. Au cas où je ne reviendrai pas, je suis sereine, tout est clair, les papiers sont en ordre, triés, en vue. Je ne supporterai pas de laisser les choses en désordre derrière moi. Eventuellement on pourra graver sur ma tombe : "she done her best"...

 

Le Ter Jeudi 8 novembre 2007 9h10

Moins de 24 heures après l'opération qui a eu lieu à 11 heures hier matin, je viens de me lever toute seule. J'ai mis la chaussure dite de "déchargement" pour aller dans la salle de bain. Ça tirait un peu. J'ai appelé une aide-soignante pour être à côté de moi, au cas ou ! et puis j'ai pu me débrouiller.


Je viens de me recoucher et de m'installer pour écrire sur le plateau de la table mis en lutrin.


La chaussure dite de déchargement

 

Le lit magique

Le lit expérimental est une grande réussite pour moi en tant que patiente. Je lui attribue une bonne part de ma rapide récupération. Le brancardier, qui m'a emmenée en salle d'op, l'a trouvé un peu difficile à manier seul, un peu lourd et un peu large avec les ridelles. Après l'opération, dans la salle de réveil, les infirmières ont eu un peu de mal avec les ridelles. Mais c'est sans doute affaire d'apprentissage.


Et moi, je me sentais, dès le moment où j'étais remise du chariot d'opération sur ce lit confortable, comme si je venais de sortir du ventre de ma mère et que l'on me mettait dans ses bras doux et chauds.
J'ai fait des respirations profondes pour reprendre la mesure de mon corps et j'ai senti le lit respirer avec moi comme une personne protectrice derrière, m'entourant de ses bras tendres.


Dans la nuit, j'ai pu régler le lit pour bien remonter mes jambes et ainsi j'évitais la douleur. Quand la position était basse, au bout d'un moment je sentais la pression dans le pied. Dès que je relevais le bas du lit, le sang redescendait et la douleur passait.
J'ai souvent été hospitalisée dans les 50 premières années de ma vie et jamais je n'avais dormi aussi bien.
D'habitude, j'ai besoin de dormir sur le côté en foetus ou decubitus latéral, (habitude prise au cours de mes grossesses), ce qui me fait plier les jambes et entraîne des douleurs varicales. Ou alors je dors sur le ventre, avec les orteils hors du lit, mais ça écrase les seins et au bout d'un moment il me faut changer de position.
Là j'ai pu rester sans bouger avec mes pieds en l'air, genoux un peu pliés et le dos à plat ou presque, sans avoir envie ni besoin de changer de place ni de me mettre sur le côté dans une position confortable.

AvantGard 800 Hill-Rom fiche

Pendant l'opération :

Je n'avais vu le Docteur M. que juste avant l'opération, quand tout était prêt et que j'avais déjà bien régressé vers mon état foetal d'origine sous la couverture chauffante bleue. J'ai juste vu ses beaux yeux bleus entre la calotte bleue et le masque bleu et j'étais extrêmement confiante. Je pouvais me laisser aller dans une sécurité absolue.


Quand le chirurgien a scié l'os, j'ai entendu un bruit du genre scie circulaire (on a les comparaisons qu'on peut !) avec une odeur... d'os scié comme à la boucherie (et là je me suis retrouvée pas mal d'années en arrière quand, les jours de marché à Foix en Ariège, nous passions à la Boucherie Fauré où avaient "opéré" des parents de Gabriel Fauré (on a la culture qu'on peut !). Je devais planer un max ! Mais quand il a parlé de vis de 12 pour assembler les deux parties de l'os scié (si j'en crois les radios ultérieures) j'étais en pays connu, celui de mes travaux habituels et ça m'a complètement rassurée de pouvoir rattacher les "travaux de chirurgie à d'autres travaux de maison. Car le corps est ma maison et je dois le garder en meilleur état possible.

Je dis ça parce que beaucoup gens me disent qu'ils ne supporteraient pas d'entendre ce qui se passe pendant l'opération alors que moi ça m'a rassurée. J'avais l'anesthésiste à ma gauche et je lui souriais de temps en temps dans une douce torpeur, tout en gardant la conscience et j'ai aimé ce moment.

 

Après l'opération :

J'ai retrouvé la sensation des membres inférieurs au cours de l'après-midi. Le seul problème que j'ai rencontré au cours de mon séjour au T. a été une douleur au ventre parce que ma vessie était pleine. Je savais que c'était une possibilité de l'opération par rachianesthésie. J'ai préféré attendre de retrouver la sensation des muscles du périnée pour demander le bassin et là, ô miracle, toute la douleur du bas-ventre qui se prolongeait sur le côté droit, a été évacuée avec les toxines des produits absorbés pour la péridurale de l'anesthésie locale.
Alors j'ai eu l'impression de renaître.

C'est ce moment qu'a choisi le chirurgien pour venir me voir. Heureux de me voir bien récupérer dans le lit d'essai magique. Heureux aussi de savoir que j'allais à la Maison de Convalescence S.-J., à Q., où la prise en charge totale m'éviterait cuisine, ménage, courses et me permettrait la meilleure récupération. Il avait compris, dès la première consultation, qu'il valait mieux me freiner que m'encourager !

 

Pas de souffrance :

Je ne peux pas dire que j'ai souffert. Je n'ai pas demandé de calmant pendant la journée, l'infirmière de nuit a préféré m'en mettre dans la perf pour éviter tout problème.
Quand j'ai mis le pied dans la chaussure spéciale, le lendemain matin, j'ai senti une tension un peu douloureuse donc j'ai pris l'efferalgan codéiné par précaution. Mais je ne suis pas aussi vaseuse ni dépendante que l'était ma soeur Ann'Yvonne il y a un mois après son anesthésie générale pour la même opération.
Je me sens vraiment bien.
Andrée, mon amie généalogiste et jardinière, m'a appelée ce matin, on a bien ri ensemble et elle ne s'attendait pas à me trouver si en forme.
J'ai lu hier soir une partie du livre de John Updike Et tu chercheras mon visage et ce qui me gênait le plus c'était la pliure du bras gauche avec la perf, ce qui, je l'avoue, est anecdotique.
Tout a été enlevé ce matin, perf et redon. Je peux donc tout bouger... relativement bien sûr. Je suis très heureuse que tout se passe aussi bien. Ma vie change enfin.

 

Le Ter vendredi 9 novembre 2007 12h15

J'ai passé une bonne deuxième nuit sans réveil. J'ai pu sans problème aller faire ma toilette et mettre des vêtements de lit, pantalon souple en jersey et tee-shirt Kenzo.
Je peux sans douleur mettre le pied par terre, alors qu'Ann'Yvonne l'a fait beaucoup plus tard. J'utilise la chaussure en déroulant tout le pied puisque le bout le permet, ainsi ma cheville travailler et ne reste pas raide comme si je n'utilisais que l'arrière pour soulager le poids hors des orteils. Le pare choc devant est très efficace, j'ai tapé pour voir et rien ne bouge !
Je mange bien.
Bref j'ai passé deux jours excellents. Je me sens bien et je pense que je récupérerai vite et sans problème.

Une opération agréable :

Le seul mot que je puisse dire à propos de cette première opération du pied droit est "agréable". Mes interlocuteurs sont surpris quand je leur dis ça mais c'est ce que je ressens. Agréable, sans doute grâce à l'anesthésie locale qui m'a mise dans un état euphorique. Agréable par l'accueil chaleureux et efficace de toute l'équipe qui m'a entourée à chaque étape. Agréable parce que l'opération elle même m'a rappelée le ventre de ma maman quand j'étais sous la couverture chauffante bleue et blanche, les couleurs de la Vierge. Agréable parce que le lit magique m'a rappelée ma naissance dans les bras de ma maman. Et retrouver de telles sensations sans avoir besoin de passer des années sur le divan d'un psy c'est extraordinaire. J'ai revécu ma naissance d'adulte en toute conscience. Et la conscience et la maîtrise sont des mots importants pour moi. C'est pourquoi je ne voulais pas être anesthésiée totalement.

 

Suites opératoires

Le pansement a été changé tous les deux jours à la Maison de Repos, les fils enlevés au bout de 15 joues (un peu trop tard pour moi qui avait cicatrisé très vite, le faire deux jours avant aurait été préférable).

Pour soulager mon pied quand j'étais assise quelque part, pendant les repas par exemple, je posais le pied opéré sur un tabouret de pêche, (acquis pour suivre les visites guidées de la nouvelle conservatrice Estelle Fresneau avec les Amis du Musée de Pont-Aven, habitude prise de ne pas souffrir inutilement en restant debout). Très pratique. je me baladais partout avec mon trépied sur l'épaule...

La kiné a eu lieu après le premier mois quand la cicatrisation était faite. Je n'avais pas du tout envie qu'on y touche avant. Mais j'aurais pu faire des exercices plus tôt pour mieux mobiliser le gros orteil. Je le saurai pour le 2ème pied le 4 mars.


Les cicatrices :

"Une très belle cicatrice" , disait le médecin de S.-J., le Docteur E. Le M. !
Photos prises le 22 novembre juste avant l'enlèvement des fils quinze jours après l'opération.

 

Malheureusement, j'ai marché trop vite après l'enlèvement des fils fait trop tard et j'ai fait craquer ma cicatrice du dessus du pied. On a mis des papiers collants, mais je me suis fait un oedème, un peu bête d'avoir un peu mal après quinze jours... à ne pas refaire (photos prises le 26 novembre soit 19 jours après l'opération)

La corne du pied s'en va et tout se referme tranquillement (14 décembre, cinq semaines) prête pour la kiné !

Et après trois mois et demi le 25 février 2008 :

J'ai eu 20 séances de kiné pour rééduquer le pied. Tout se remet bien.Je vais faire la deuxième opération le 4 mars prochain.

 

Sur l'anesthésie

J'ai revu en consultation pré-opératoire l'anesthésiste qui m'avait assistée lors de ma première opération. Elle était très heureuse du résultat que je le lui exprimais.


Elle a dit que l'état d'esprit dans lequel on arrive à l'opération est déterminant pour la façon dont chacun va gérer sa douleur et sa récupération de forces.
Des gens comme moi, optimistes et confiants, déclenchent des hormones de bonheur et sérénité, des endorphines, annulant la douleur et accompagnant le cocktail de morphines qu'elle avait préparé.
Les gens qui arrivent angoissés et inquiets génèrent des hormones de stress qui annulent l'effet des calmants et entravent une grande partie du travail fait par le chirurgien et l'anesthésiste.


C'est pourquoi j'ai décidé de mettre en ligne mes pages sur mes différentes opérations, pour que les gens ne gardent pas en mémoire les questions imbéciles et les angoisses générées sur les forums dont je suis bien heureuse de n'avoir pas eu connaissance avant l'opération du premier pied car j'aurais été bien moins tranquille que je l'ai été.
Je me fie aux gens compétents et c'est vrai que les explications de mes chirurgiens m'ont parfaitement suffi. Je m'en félicite désormais. Je crois que le conditionnement du cerveau est essentiel pour 50% du résultat final.

Si je n'ai pas du tout aimé la lecture des divers forums visités un mois après ma propre opération, j'ai apprécié ce site fait par un chirurgien.
http://www.Hallux Valgus.com/

Marie-Hélène Le Doze
26 février 2008

Operations Hallux Valgus et varices
Operation d'un Hallux Valgus du pied droit
AvantGard 800 Hill-Rom fiche
Operation des varices

© 1997-2008 Marie-Hélène Le Doze, ACD CARPE DIEM, internauteure, conseil en gestion du temps, généalogiste, jardinière, auto-éco-constructrice et future hôtesse à Kerantorec mhledoze@free.fr