Dominique LE BOURGEOIS a fait ce poème en prose pendant une absence de sa femme, ma soeur. Un moment capté dans le temps... que chacun peut avoir connu après la perte d'êtres chers.
 
                                                   A mon Ann'Yonne,

ce petit message : poème qui m'est venu à la suite d'une visite forcée et fortuite à la demande d'un appel téléphonique de ton frère qui croyait avoir laissé son fer à repasser branché dans la petite chambre ex-oratoire de ta mère à Kerantorec.


LE PRINTEMPS DE KERANTORREC 1999



A Kerantorec, le 22 Mars 1999 jour du printemps

Le hasard des choses voulut
qu'un appel de Louis-Michel
me pria de me rendre à Kerantorec, en ton absence

Inquiétude d'un fer à repasser ?

Le TEMPS ?

Quels RÊVES, je fis, alors, en si peu de temps passé en ces lieux du SOUVENIR.

Grâce a cette machine " à remonter le Temps "
Renaissance d'un Passé d'hier

La clé pénétrait dans la porte des communs qui montent à la chambre de Bruno,

Sans y monter par respect pour sa présence passée je pensai à tout ce qui se passa dans la chambre baptisée " de la Bonne Soeur "

M'engouffrant dans la cuisine, laissée en l'état avec sa comtoise arrêtée et toujours en bascule, comme si les parents venaient de la quitter la veille

l'escalier craquant sous mes pas m'amena à l'oratoire  vide de son contenu, plus d'autel, plus de tableaux de Mammig, plus d'oratoire, plus de lieu de recueillement...

Seul le fer froid et non branché dominait ces souvenirs disparus.

Mon parcours sur le passé continua et ne put m'empêcher de risquer un pas vers la chambre parentale.

Tout y était comme avant, seul le bureau de Tadig n'était plus, sous la fenêtre, où il prenait plaisir à venir traduire dans le texte des versions latines et voyager dans les LIVRES, caché dans l'ombre paisible de la petite fenêtre entrouverte.

Le craquement des poutres me rappela à la réalité.  Passe, Passe, le TEMPS ...

Mon arrivée à Kerantorec, les grandes tables, dans la Cour avec les multiples invités et le cidre coulant à flot, le tracteur et les travaux des champs alentours

L'instinct me poussa vers notre ancienne chambre, celle où je fus si heureux avec toi, abrité dans la famille de tes parents


Plus de commode, plus d'armoire, mais le souvenir des Printemps que nous traversions, ensemble, passionnément.

Les oiseaux toujours là, égrenaient leur mélodie d'antan en chantant l'annonce des beaux jours, le puits, à sa même place.

Seul le grand poirier avait bien rétréci, cassé par la fuite du temps et les intempéries successives.

Le lilas faisait ses feuilles et le banc à cochons, "buen retiro" de ton père, n'existait plus que dans ma mémoire lorsque nous devisions ensemble pour organiser notre journée et partir à cette recherche inlassable des bornes de la propriété, tout en écoutant avidement ses contes et légendes, comme dans "Le Cheval d'orgueil" de Per Jakez Helias.


MINUTES D'EXTASE ET DE SILENCE...

Ainsi je revivais sa vie et celle de mon père.

Je ne pouvais plus m'attarder. Je quittai ces moments délicieux, refermai la fenêtre et toutes les senteurs mielleuses s'estompèrent. L'odeur âcre du renfermé me monta à la gorge.


Je redescendais l'escalier, fermais mes souvenirs, mon rêve du Printemps passé était terminé.

Merci à toi Kerantorec, Mammig, Tadig et Bruno.

Le printemps de KERANTORREC, 1999.



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© Dominique Le Bourgeois (mars99)